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Apprendre à s'habiller (Extraits livre)

Apprendre à s’habiller (Extraits livre)

Extrait du livre « Élever un enfant handicapé » – de la naissance aux premiers acquis scolaires – tome I, Editions ESF

QUAND ET COMMENT DÉMARRER ?

Apprendre à s’habiller commence aussi dès la naissance et s’étend sur des années. N’attendez pas l’âge où l’enfant doit savoir s’habiller pour constater qu’il ne le fait pas.

Des les premiers bains cet apprentissage commence. En effet, quel moment merveilleux pour que l’enfant découvre son corps et prenne conscience de ses mouvements.

C’est dans la salle de bain qu’il va ressentir comment ses membres fonctionnent, c’est là, dans la chaleur du bain où la douceur de la serviette qu’il en apprendra les rouages.

Dès les premiers bains, stimuler les bras et les jambes de bébé, pour qu’il comprenne qu’il doit les tendre pour vous aider.

Un conseil : prenez toujours des vêtements légers, doux, extensibles et JAMAIS SERRES.
Pour chaque vêtement que vous mettez à l’enfant, nommez-le à haute et claire voix et désignez la partie du corps que vous saisissez pour enfiler ce vêtement.
Exemple : pour le pantalon : « c’est le pantalon ».
« Donne, donne ta jambe ».
Touchez son pied : « c’est ton pied ».
Touchez sa jambe : « c’est ta jambe ».
Tapotez l’endroit du corps que vous venez de nommer en le stimulant pour qu’il réagisse.

Petit à petit, attendez qu’il vous le donne. Procédez ainsi pour tous les vêtements.

MEMORANDUM PRATIQUE

1/ Commencez par la fin de chaque geste et remontez peu à peu jusqu’au début. L’enfant sera plus aisément en situation de réussite.

2/ Pour déboutonner, boutonner, dégrafer, agrafer, se déshabiller, s’habiller, le faire d’abord sur un tissu ou un vêtement indépendant ou sur une poupée. Le rôle du poupon ou de la poupée est primordial pour ces apprentissages.

3/ Sachez qu’il est toujours plus facile de défaire que de faire.
Se déshabiller plus facile que s’habiller
se déchausser, plus facile que se chausser,
déboutonner, plus facile que boutonner.

4/ Lorsque l’enfant passe à des exercices sur son propre corps, commencer par des vêtements trop grands pour lui. Il les enlèvera et les mettra plus facilement

ENLEVER LES VÊTEMENTS

Le vêtement le plus facile à ôter est la chaussette. Dès les premiers bains, lorsque vous déshabillez l’enfant, jouez avec lui à saisir avec ses menottes le bout de sa chaussette et, ses petits doigts refermés sur le tissu, tirez avec lui, afin de l’enlever. Tirez fort et joyeusement, et lorsque son pied est nu, embrassez chaleureusement la plante.

Refaites ce geste à chaque fois que vous le dévêtez, afin de le rendre automatique. S’il ne le fait pas, amener sa main vers la chaussette en répétant : « allez, tire, tire, tire la chaussette ».
Un jour, il y parviendra.

Vient ensuite le manteau (déboutonné auparavant). Pourquoi le manteau ? D’abord parce qu’il est généralement ample et qu’il n’y a pas de problème de passage de la tête.

Bien sûr, vous vous rappelez que vous devez commencer par la fin du geste. Dégagez-lui donc les épaules, faites descendre le manteau jusqu’au niveau du coude, l’enfant n’aura qu’à finir d’enlever une manche, puis l’autre. Lorsqu’il sait effectuer ce geste, remontez le manteau petit à petit jusqu’en haut des bras, puis, peu à peu, laisser les épaules en place. Il faut à ce stade lui apprendre à dégager les épaules, face à une glace ; apprenez-lui à pincer l’encolure de part et d’autre pour saisir chaque bord du manteau et ainsi tirer vers l’arrière en dénudant les épaules.

Comme il sait déjà effectuer les étapes suivantes, il doit désormais faire cela tout seul. Ne lui enlevez plus jamais son manteau.

Il peut également alors ôter gilets, vestes et chemises.

Puis vient le pantalon (également déboutonné préalablement). Toujours le même principe : il faut acquérir en premier lieu l’étape finale : asseyez l’enfant confortablement, et, une jambe après l’autre, le pantalon bien descendu, apprenez-lui à dégager le pied. Ceci nécessite la compréhension du mouvement du pied, qu’il faut cambrer comme une danseuse qui ferait des pointes.

Lorsque ce mouvement est assimilé, faites-lui tirer sur le pantalon, comme indiqué précédemment pour les chaussettes : « tire, tire, tire le pantalon ».

Puis, lorsque c’est acquis, descendez le pantalon jusqu’aux genoux, et apprenez à votre enfant à le pousser vers le bas. Vous le placez ensuite sur les hanches pour l’exercer au dégagement des fesses. Après cela, que votre enfant enlève tout seul shorts, pantalons, bermudas, culottes.

Un problème peut se poser pour cette acquisition. C’est celui de l’équilibre. Si l’enfant ne peut rester sur un pied pour dégager la jambe opposée, faites-lui glisser le pantalon jusqu’aux genoux, et il termine son exercice en position assise.

Pensez toujours que les tissus de pyjamas ou de survêtements sont plus extensibles donc plus faciles à ôter.

Si l’enfant parvient à rester difficilement sur un pied, vous pouvez également vous tenir derrière lui, bras ouverts, afin qu’il se sente protégé. Cela le rassurera. Pour parfaire cet équilibre, répétez inlassablement des jeux de tenue sur un pied.

Les derniers vêtements que l’on apprend à enlever, sont ceux qui nécessitent le passage de la tête.

Commencez par des tricots avec des cols larges, puis passez peu à peu à des encolures resserrées, et terminez par des cols roulés.

Pour cet apprentissage, décomposez bien vous-même les différentes étapes que vous effectuez habituellement :

  • Vous croisez les bras pour atteindre les bords opposés de votre tricot.
  • Vous remontez ces pans, toujours bras croisés jusqu’à la tête.
  • Vous dégagez la tête, en tirant vers le haut.
  • Enfin, vous dégagez une manche, puis l’autre.

Pour cet apprentissage, il faut vous placer derrière l’enfant, prendre ses bras et les croiser, en lui faisant tenir le rebord du pull en bas. Effectuez toute l’impulsion du geste en dégageant la tête, et laissez-le libérer ses bras tout seul. Quand cela est acquis, reprenez de même mais arrêtez votre aide avant le passage de la tête, puis continuez en diminuant votre assistance jusqu’à l’obtention totale du geste.

Votre enfant, à ce stade sait entièrement se déshabiller.
Profitez de l’heure du bain pour répéter tous ces exercices.

METTRE LES VÊTEMENTS

Ne commencez à lui demander d’enfiler des vêtements que lorsqu’il sait parfaitement les ôter.

Le premier stade va consister à enfiler les manches d’un manteau ou d’une veste.

Prenez un vêtement ample, plus grand que la taille de votre enfant. L’apprentissage sera plus aisé.

Montrez bien le trou au niveau des épaules et demandez à l’enfant d’y mettre la main. Jouer au petit train qui entre dans le tunnel.

Mettez vous à deux adultes : l’un apprend à pousser le bras dans la manche pour enfiler le vêtement, l’autre guette au bas de cette manche pour voir si le bras sort, en disant : « pousse, pousse, pousse ton bras ». Qu’il saisisse la main dès qu’elle apparaît pour stimuler l’enfant.

Pour parfaire ce geste de pousser sur le bras, jouez avec l’enfant en vous mettant face à lui, et poussez fort sur ses mains, vos paumes contre les siennes. Qu’un adulte placé derrière l’enfant lui fasse sentir le mouvement de poussée sur les paumes de celui qui lui fait face.

Lorsqu’il sait enfiler une manche, aidez-le à mettre la deuxième, sans vous soucier encore de lui faire exécuter ce geste, et demandez-lui de saisir les bords du col du vêtement pour le remonter sur les épaules.

C’est en dernier lieu que vous lui demanderez d’enfiler la seconde manche. En effet, cet exercice requiert des aptitudes plus fines :

  • Chercher, sans la voir, l’entrée de la manche,
  • Plonger le bras dans cette manche,
  • Ramener le bras vers l’avant en position correcte.

Aidez longtemps votre enfant pour ce geste délicat, et conseillez-le verbalement.

Apprenez-lui ensuite à mettre le pantalon.

Démarrez une fois encore par le geste final qui consiste à le faire remonter le long des fesses jusqu’à la taille. Lorsque c’est fait, laissez le pantalon à hauteur du genou, et demander à l’enfant de finir de le mettre. Cela lui demande de se baisser.
Il doit donc savoir aisément se pencher en avant.

Travailler ensuite l’équilibre sur un pied puis sur l’autre pour qu’il glisse la jambe de son pantalon en soulevant son pied du sol. Pendant qu’il effectue ce geste, qu’un adulte le tienne à la taille, en restant derrière lui. Qu’il le lâche peu à peu. L’enfant, doit fléchir la jambe, puis pousser en conservant son équilibre.

Il sait désormais mettre tous les vêtements ne nécessitant pas le passage de la tête. Il peut maintenant apprendre à mettre des chandails et des pulls à col roulé.

Bien sûr, toujours le même principe. Commencez l’apprentissage par des vêtements trop grands.

Montrez-lui comment mettre le bras dans une manche, puis dans l’autre, et lorsque c’est fait, comment les lever pour placer l’encolure au sommet du crâne et tirer pour dégager la tête. A ce stade, l’habillage est acquis, sans toutefois savoir boutonner ou agrafer.

LES ATTACHES

Si vous avez bien suivi les exercices précédents, vous vous doutez bien que l’enfant va d’abord apprendre à défaire les attaches avant de savoir les fermer. Pour toutes les attaches quelles qu’elles soient, il faut toujours suivre le même processus.

Cousez-les d’abord sur un tissu indépendant que vous poserez sur la table.

L’enfant ainsi ne sera préoccupé que par un seul acquis : apprendre à manipuler ce que vous avez cousu.

Lorsque c’est bien effectué sur un morceau de tissu, passez à un vêtement posé sur la table, non porté par l’enfant. Ensuite, et uniquement lorsque les stades précédents sont faits aisément, demandez à l’enfant d’effectuer les gestes sur un vêtement qu’il porte.

Le déboutonnage

Prenez deux morceaux de tissu, sur lesquels vous aurez cousu d’une part, trois très gros boutons et, d’autre part, trois énormes boutonnières. Au début de l’apprentissage, posez sur la table ces deux morceaux boutonnés. Glissez le premier bouton à l’intérieur de la boutonnière, en commençant donc à le déboutonner.

L’enfant, au début, ne doit dégager que la partie finale du bouton. Commencer par de gros boutons en facilite la tenue entre le pouce et l’index. Petit à petit, diminuer la partie à tirer jusqu’à ce que le geste soit effectué dans sa totalité.

Posez alors des vêtements sur la table, et demandez à l’enfant de les déboutonner.

Commencez par des vêtements amples avec des boutons volumineux, et diminuez les dimensions jusqu’à ce que l’enfant déboutonne les vêtements de ses poupées.

A ce stade, qu’il apprenne à déboutonner des vêtements qu’il porte. Vous pouvez alors aborder le boutonnage.

Le boutonnage

Reprenez les morceaux de tissu, séparés cette fois-ci avec le premier bouton engagé aux trois quarts dans la boutonnière. Que l’enfant tire et le mette en place. Placez ensuite le bouton à moitié engagé dans la boutonnière, puis au quart, etc.

Lorsqu’il boutonne aisément ces deux morceaux de tissu, prenez des vêtements posés sur la table et procédez comme indiqué pour le déboutonnage.

Parallèlement, cousez sur un tissu indépendant, une grosse fermeture Éclair enclenchée à la base. Ce geste délicat ne sera enseigné que plus tard. Pour acquérir totalement cette montée et cette descente de la fermeture éclair, procédez toujours selon le même principe :

  • effectuer le geste sur un vêtement posé sur la table,
  • finir par l’exécution sur un vêtement porté par l’enfant.

Selon la même méthode, enseignez ensuite le geste de dégrafer puis d’agrafer, sur un tissu indépendant, avec des agrafes très grosses. Lorsque l’enfant y parvient avec des crochets de grande taille, cousez sur un tissu des agrafes plus petites, jusqu’à la taille normale.

Continuer sur un vêtement que l’enfant ne porte pas, puis finissez par l’apprentissage sur un habit que l’enfant a sur lui.

Procédez de même pour les boutons-pression, en jouant à enfoncer de grosses pressions avec le pouce dessous et l’index dessus en pince.

Abordons ensuite la ceinture (à grosse boucle au début, ceinture posée sur la table, puis sur lui-même).

Pour cet acquis, la première difficulté consiste à bien faire pénétrer la langue de la ceinture dans la boucle, par-dessous, l’enfant ayant toujours tendance à vouloir la faire rentrer par-dessus.

Lorsque cet obstacle est franchi, apprenez-lui à faire pénétrer la tige en fer de la boucle dans un des trous.

Quand tous les stades sont acquis, votre enfant sait désormais s’habiller seul, attaches comprises.

Tous les exercices de fermeture Éclair, boutonnage, déboutonnage, agrafes, pressions, et ceinture doivent désormais être effectués seul, sur lui-même, malgré les difficultés.

LES CHAUSSETTES, LES CHAUSSURES, LES BOTTES ET LES PANTOUFLES

Commencez par les chaussettes.

Tout d’abord, enfilez-lui le pied et qu’il remonte la chaussette jusqu’au genou. Puis le talon : il doit finir le geste. Ensuite, glissez juste les orteils. Enfin, qu’il exécute tout seul tout le mouvement.

Faites au début tout cela avec vos mains sur les mains de l’enfant, les doigts de l’enfant tirant la chaussette et le pied se glissant à l’intérieur. Avec l’aide d’une poupée, faites lui sentir la forme du pied et du talon en montrant la forme identique sur la chaussette.

Aider l’enfant à repérer systématiquement tous les signes permettant de différencier pointe/talon.

Il est temps maintenant de se déchausser puis de se chausser.

D’abord se déchausser. On apprend en premier lieu à ôter ses chaussures. Main bien calée contre le talon de la chaussure. Systématisez le mouvement de poussée pour dégager le talon. Lorsque c’est bien acquis, faites enlever le soulier. Si l’enfant fait de même avec sa poupée, quel excellent entraînement.

Il faut ensuite apprendre à les mettre.

Prenez des chaussures plus grandes, c’est plus facile au début. Faites lui sentir chaque partie du pied. Montrez-lui ses orteils et stimulez-le, afin qu’il les fasse glisser vers la pointe de la chaussure et apprenez-lui à pousser sur le talon pour « l’entrée du pied » dans la chaussure. Commencez par des chaussures rigides, plus aisées à mettre, prenez ensuite des pantoufles ou des espadrilles. Que l’enfant s’amuse à chausser une poupée ou à vous chausser vous-même.

Pour reconnaître pied gauche et pied droit, faites une petite marque sur chaque chaussure, au niveau de la semelle, coté intérieur.

Dites : quand mes pieds se touchent, les deux ronds s’embrassent.

Il peut alors enfiler ses bottes.
Cela sera facile s’il sait bien enfiler ses chaussettes (voir chaussettes).

L’obstacle principal consistant à apprendre à tirer fort avec ses bras et pousser avec ses jambes.

DERNIÈRE ET GROSSE DIFFICULTÉ : LES LACETS

D’abord les lacets des chaussures, puis ceux du cordon du capuchon.
Décomposez le laçage en mouvements progressifs, en commençant toujours par la fin du mouvement. Faites le début et demandez à l’enfant « A toi, finis maintenant ».

Commencer le laçage par le début est un enfer pour l’enfant. Cette dernière étape est très délicate : progressez lentement. Posez une chaussure sur la table, devant l’enfant.

4/ L’enfant tire d’abord sur les deux boucles pour serrer le nœud final.

3/ Quand il a bien ce mouvement de tirer, passer au geste qui précède, c’est-à-dire faire sortir la deuxième boucle du rond.
Faire sortir le fil puis tirer.

2/ Lorsque cette étape est acquise passez encore au geste qui précède, c’est-à-dire enrouler le lacet autour de la première boucle en pinçant cette boucle avec les doigts de la main droite.

1/ Dès l’obtention de cet automatisme, apprenez-lui à constituer la première boucle…et le laçage est acquis.

Attention : vous constatez une fois de plus que l’apprentissage débute par la fin. Vous devez toujours obtenir la fin du geste.

Donc, l’exercice correct se déroulera ainsi :
A- Obtention du 4.
B- Obtention du 3 puis du 4.
C – Obtention du 2 puis du 3 puis du 4.
D- Obtention du 1 puis du 2 puis du 3 puis du 4.

Pour conclure ce chapitre, il est important de souligner à nouveau que l’enfant doit toujours finir lui-même les gestes, ce qui le place constamment en situation de réussite. Ainsi, il progressera plus vite car il aura l’impression d’avoir effectué seul le geste dans sa totalité.

Il aura donc le désir de recommencer. Cet obstacle de l’habillage vaincu, l’autonomie de votre enfant sera encore accrue et votre travail s’en trouvera grandement allégé.

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