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Bien-être au contact du cheval

Bien-être au contact du cheval

15 semaines d’immersion en équithérapie

Ne venant ni du milieu médical, ni du milieu agricole, je ne connaissais pas grand-chose à ces mondes. Cavalière depuis quelques années, je connaissais pourtant la relation qu’on pouvait avoir avec un cheval juste en étant à ses côtés, le lien indéchiffrable et unique qui se créer entre chaque couple cavalier-cheval.

Mais pour moi la découverte de l’équithérapie est devenue une révélation. J’ai rencontré des personnes atteintes de handicap mental sévère comme l’autisme et aussi des patients polyhandicapés qui sont dépendants et totalement incapables de se déplacer. J’avais l’impression qu’ils étaient bien dans leur monde, comme s’ils ne faisaient pas attention à nous, ils m’ont procuré des émotions que jamais je n’aurais cru ressentir. En effet, à leur arrivée, la plupart sont comme « sous pression », enfermés dans leur monde là où on aimerait les savoir en sécurité. C’est presque impossible de capter leur attention. Mais dès lors que le cheval rentre dans le manège, c’est comme si leurs yeux ne le quittait plus et que leurs regards s’illuminaient.

Je vais vous livrer ici quelques-uns de mes vécus. Évidemment ce sont des situations où les bienfaits de la relation avec le cheval sont notables et incroyablement visibles. Chaque situation est particulière et chacun vit et va à son rythme avec un bénéfice plus ou moins long.

Alice est polyhandicapée, elle est atteinte d’hyper tonicité musculaire et est en fauteuil roulant. Elle arrive en séance avec les membres crispés dans l’impossibilité de démêler ses doigts. Au fur et à mesure des séances, son comportement changea. Dans cette relation thérapeute-cheval-patient, elle arrive à se détendre petit à petit et à rigoler. Ses mains jusqu’alors crispées, s’ouvrent petit à petit. Le plus frappant je trouve, c’est qu’aujourd’hui, lorsqu’elle approche sa main du cheval pour le caresser, une grande main avec les doigts bien écartés se retrouve sur celui-ci. C’est comme si une autre personne venait d’émerger de ce corps tétanisé. Bien entendu, cette patiente ne peut pas monter à cheval, mais cela n’est pas nécessaire car le lien qu’il y a entre elle et le cheval est très fort. Arriver en étant tendue par sa pathologie et repartir avec un sourire indescriptible sur ses lèvres, soulagée ponctuellement de ses tensions, a été pour moi une expérience d’une richesse incroyable.

D’autres séances m’ont impressionné comme celles vécues avec David. Ce dernier est atteint d’un retard mental sévère et d’un léger handicap moteur. Concrètement, c’est quelqu’un d’hyper angoissé avec un comportement très impulsif et archaïque. Ainsi lors des premières séances, il ne peut s’empêcher de se lever/de se rasseoir de son fauteuil roulant de manière récurrente et de quitter le manège. Pourtant, le voyant attiré et aimanté par le cheval, les soignants ont maintenu cette prise en charge. Aujourd’hui, David, reste toute la
séance durant dans le manège. Ses signes d’angoisse ont considérablement diminué. Le cheval est touché, intégré. Par sa présence, il permet à David d’élargir sa notion de lui, des autres et de le sécuriser.

Comment un animal, juste par sa présence peut réussir à capter l’attention des plus « turbulents » ? C’est l’image d’un animal imposant, rassurant par sa force et réconfortant par son caractère qui permet de sécurisé les personnes.

Je terminerai mes exemples avec Judith atteinte de trisomie qui est mon plus grand coup de cœur. Lors de ses premières séances d’équithérapie, elle était tétanisée. Les chevaux ne pouvaient pas l’approcher car elle avait trop peur d’eux. Un simple mouvement de tête des poneys dans sa direction provoquait panique et pleurs. De la descente du bus jusqu’à la fin de la séance, les mots « non » ou « tu sors » ne quittaient pas sa bouche. Malgré cette crainte, un sourire se dessinait sur son visage. Au fil du temps, ce sourire a pris de plus en plus de place,
laissant « l’envie de faire » prendre le dessus sur la peur panique de l’animal. Elle a commencé à prendre des brosses pour le cheval et faire des caresses dans le « vide ». Cela a pris du temps et beaucoup de patience, mais maintenant elle ne quitte plus le cheval de la séance. Elle arrive à le toucher et vient jusqu’à lui faire des bisous ! D’extérieur cela est peut-être rien mais lorsqu’on sait toutes les étapes qui ont dues être franchies, c’est vraiment extraordinaire. Mais les progrès de Judith vont au-delà de toucher l’animal. En séance, elle est devenue une
vraie pipelette mais surtout son degré de langage s’est considérablement amélioré avec une prononciation plus précise et des nouveaux mots de vocabulaire.

Je donne ici des exemples qui m’ont paru flagrants, il est évident que l’équithérapie n’est pas une pratique magique qui soigne les gens. Il n’empêche qu’elle fait ses preuves et que mes vécus de stage confirment les effets positifs de ce soin. L’équithérapie permet aux individus de s’ouvrir aux autres, de se détendre, d’améliorer son comportement (dû à une extériorisation de son « mal-être » grâce au cheval) et surtout de dire ou de faire émerger ce qu’ils pensent. La monte, quand elle est possible, par le mouvement du cheval, rappelle le
bercement qu’on a vécu dans le ventre de notre mère. Cela est réconfortant et permet de calmer les tempéraments les plus forts.

Le cheval est le médiateur entre le thérapeute et le patient. Ainsi, c’est une confrontation indirecte et ce dernier se sent plus libre de ses mouvements et de ses mots.

Dire au cheval « tu es moche », « je ne t’aime pas », « je n’ai pas envie que tu m’abandonnes », « je t’aime », permet d’extérioriser ses pensées sans qu’il y ait de jugement. Une analyse du comportement du patient et du cheval de la part du thérapeute est bien entendue nécessaire.

L’équithérapie n’est pas l’apprentissage de l’équitation adaptée en fonction des handicaps, l’équithérapie est le « lâcher-prise », c’est la libération d’un individu enfermé dans une camisole chimique et sociétale.

« L’extérieur du cheval exerce une influence bénéfique sur l’intérieur de l’homme. » W.Churchill

Témoignage de Mylène, étudiante en licence professionnelle développement et conseil de la filière équine

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