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Rééducation du bavage

Rééducation du bavage

Des tas d’idées d’orthophoniste pour la rééducation du bavage

Source : Françoise Combe, orthophoniste spécialisée à l’Escale, service de rééducation fonctionnelle pédiatrique, hôpital Lyon Sud

LE BAVAGE, POURQUOI ? – DES PISTES POUR AGIR…

En moyenne, nous produisons 1,5 litres de salive par jour et nous avons 2000 déglutitions spontanées.

La personne qui bave ne produit pas plus de salive qu’une autre (l’hyper salivation » est rarissime).

En fait, le problème du bavage provient :

  • D’une hypoesthésie buccale (difficulté à prendre des informations sur ce qui se passe dans la bouche). Cette anomalie entraîne un feedback sensori-moteur défectueux et un nombre réduit de déglutitions spontanées.
  • De l’ouverture constante de la bouche, qui favorise la perte salivaire.

Pour réduire les effets de l’hypoesthésie buccale :

  • On peut pratiquer des stimulations intra buccales. Celles-ci consistent en des touchers légers de la pulpe du doigt, sur les gencives et le palais.
  • Ne pas hésiter à proposer du froid (glaces, haricots verts surgelés…) et du gazeux qui stimulent l’envie d’avaler.

FAIRE PRENDRE CONSCIENCE A L’ENFANT DE CE QUI SE PASSE DANS SA BOUCHE

Une des stratégies de rééducation consiste à développer, renforcer l’intérêt pour la nourriture en y associant la vue, le goût, l’odorat, et l’ouïe (beaucoup commenter).

  • Ne pas hésiter à multiplier les « exercices » culinaires, faire goûter des sauces, des aliments que l’enfant n’a pas l’habitude de manger.
  • Jouer autour de la nourriture, faire deviner quand on mange quelque chose d’inhabituel.
  • Et toujours donner des informations, commenter : « attention, avale ! », quand on remarque que l’enfant a stocké de la salive dans le sillon gingival.

FAIRE PRENDRE CONSCIENCE A L’ENFANT DE CE QUI SE PASSE AUTOUR DE SES LÈVRES

Pour renforcer les informations périe-buccales :

  • On va essuyer le filet de bave en tapotant (en remontant), toujours en commentant.
  • On peut aussi jouer en déposant un peu d’aliment sur le pourtour des lèvres et aller le chercher avec la langue, en se regardant, puis sans se regarder…
  • On va chercher aussi à renforcer la tonicité des lèvres en multipliant les activités bucco-faciales au quotidien : 2 ou 3 minutes par jour valent mieux qu’une demi-heure, une fois par semaine.
  • On peut aussi chercher à travailler, d’une façon plus générale, sur la motricité de la langue, des joues, etc., on va multiplier les « petits jeux » à faire brièvement mais régulièrement (si possible, quelques minutes au quotidien).
  • Ne pas oublier que pour donner le modèle d’un mouvement à effectuer, il peut être intéressant de le faire devant un miroir que regarde l’enfant. Cette idée simple peut parfois sérieusement soulager l’enfant (demande moins de concentration).
  • Pensez à faire soi-même les exercices, pour ressentir toute la difficulté de ce que l’on demande.

Ces exercices peuvent être par exemple :

  • De souffler sur une boule de papier, une balle de Ping Pong, une bulle de savon, une boule de coton …
  • De faire des grimaces, tirer la langue, rentrer la langue, la mettre dans une joue et l’autre, faire aller la pointe de la langue d’une commissure à l’autre, ouvrir grand la bouche, serrer les lèvres, sourire, faire le « cul de poule », envoyer un baiser, gonfler les joues (ou retenir l’eau dans la bouche), etc.
  • De faire des bruitages : (moteur, claquer la langue, ronfler bouche fermer, etc.
  • De retenir un bouton coincé entre les lèvres et les dents, résister à la pression sur les joues quand elles sont gonflées, chercher à retenir un bâtonnet coincé entre les lèvres, quand on cherche à vous le retirer,
  • Concours de rapidité pour faire circuler ce bâton dans la bouche,
  • Travailler l’enchaînement de mouvements opposés : tirer/rentrer la langue, sourire/froncer les lèvres, etc.

Il va de soi que tous ces exercices ne sont pas réalisables par tous, mais en ressentant le travail qu’ils engagent chez l’enfant, vous pouvez en imaginer d’autres, plus adaptés.

Attention : cette rééducation doit être réalisée régulièrement mais pas longtemps : par exemple 2 ou 3 fois 3 minutes par jour. Cet accompagnement ne doit pas être un acharnement, car il sera mal vécu par l’enfant (et du coup, peut-être mal intégré) et deviendra une corvée pour l’accompagnateur (qui perdra de son efficacité).

UNE MÉTHODE QUI MÈNE A CERTAINS SUCCÈS OU A DES AMÉLIORATIONS…

La réussite, parlons-en : elle est très variable, tant les paramètres sont nombreux.

Pour n’en citer que quelques-uns, elle dépend notamment :

  • De la pleine adhésion de l’entourage et de la régularité des stimulations,
  • De l’âge du sujet (on peut penser que plus un sujet est âgé, plus il sera difficile de modifier son comportement)
  • De son comportement : il est évidemment plus facile de rééduquer une personne consciente de son trouble, car elle peut y trouver une motivation.
  • Lorsque l’enfant est « socialisé » (s’il perçoit le regard ou la réaction des autres, face au bavage)
  • De son attitude : si la personne porte sans arrêt la main ou des objets à la bouche, c’est un obstacle en plus.
  • De l’importance du bavage : il peut être abondant et nécessitant plusieurs changes par jour ou intermittent : la difficulté n’est pas la même.
  • De la capacité de la personne à effectuer quelques petits mouvements bucco-faciaux.

Sinon, il faut le plus souvent se contenter de réussites partielles :

  • On constatera par exemple, au bout de quelques mois, qu’il n’est plus nécessaire de changer le sujet 5 ou 6 fois par jour, mais le menton est toujours mouillé…
  • Il faut se fixer des échéances raisonnables : 6 mois paraît un délai nécessaire avant de prendre du recule et d’évaluer l’impact de la Prise en charge.
  • Il faut garder une certaine tolérance devant ce trouble : le sujet ne peut pas, le plus souvent, se concentrer sur sa bouche et sur une autre activité.

POUR SE DONNER DES CHANCES DE RÉUSSITE…

Il est vraiment utile de faire un bilan avec une orthophoniste qui a été formée à ces méthodes de rééducation.

Il est aussi indispensable de bien coordonner cette action entre professionnels et avec les parents.

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Commentaires

Vos commentaires ( 1 )
  • Ma fille de 3 ans, elle bave énormément. Elle doit avoir une bavette tout le temps. Nous avons l’impression que c’est pour cela qu’elle ne parle pas. C’est frustrant de savoir que personne ne sait vraiment ce qu’elle a et de se faire dire que toute est normale, quand ce ne l’est pas! Elle n’a pas de raison de baver comme un jeune poupon!
    Je vais enfin avoir quelques outils pour aider ma fille.
    Je vais soumettre votre texte à son médecin traitant… Merci Merci Merci Merci !!

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