Comprendre et Agir

Accueil>Aide à l'autonomie / Education > Approches et outils éducatifs>

L'approche Snoezelen : de la rencontre à l'éveil

L’approche Snoezelen : de la rencontre à l’éveil

Un texte très intéressant qui décrit l’intérêt de la démarche SNOZELEN.

Il y est question de solliciter tous les sens, de sécurité affective et psychique, de favoriser la rencontre, de favoriser le choix, d’une écoute bienveillante de l’accompagnant, de donner du temps à une rencontre individuelle…des dimensions qui valent vraiment le coup d’être explorées, particulièrement chez les personnes très dépendantes.

Un texte de Céline BIDON-LEMESLE, psychologue clinicienne, issu de son intervention au séminaire « Polyhandicaps et Handicaps de grande dépendance » organisé par l’AFASER en Octobre 2010

Vous pouvez poser des questions en direct (gratuitement et anonymement) à Mme Bidon-Lesmesle sur son site dans la rubrique parents et handicap

Vous pouvez aussi consulter le site de Snoezelen France

INTRODUCTION

(…) Je vous propose, à l’occasion de cet exposé, de m’accompagner sur le chemin historique puis philosophique de cette approche du Snoezelen. Ces quelques réflexions sur le sens et l’application qui peuvent lui être donnés dans nos établissements s’étayent sur la Recherche-Action de Frédéric BLONDEL ainsi que sur mes dix années de pratique professionnelle au sein d’établissements médico-sociaux. Et c’est avec un engagement particulier que j’ai souhaité m’adresser à vous sur ce sujet. En guise de préambule, un petit retour aux sources…

PARCOURS HISTORIQUE

Origine du mot

Incontestablement ce mot a une sonorité nordique.

SNOEZELEN n’est ni le nom d’un pays atypique, ni celui d’une célébrité. Il s’agirait pratiquement d’un néologisme, entendons par là : la contraction de deux mots hollandais : SNUFFELEN : qui veut dire « renifler sentir » et DOEZELEN : qui veut dire « somnoler se laisser aller à la détente ». Elle convoque la notion de bien être, de plaisir de la détente dans une atmosphère propice et un climat affectif harmonieux.

Historique

Dans les années 70, il est noté dans plusieurs institutions hollandaises un environnement, un cadre de vie qui peut s’avérer parfois agressif, hostile voire chaotique pour les personnes polyhandicapées. Durant la vie en collectivité, les personnes polyhandicapées sont soumises à une multitude de sollicitations qui les plonge dans un « brouhaha » émotionnel et sensoriel difficile à démêler et à intégrer. Car leur univers se rapproche de celui du tout petit, avec ce que cela suppose : un temps, un rythme, des repères qui leur sont propres et souvent bien différents de ceux imposés par un fonctionnement institutionnel.

L’idée originelle de l’époque est de créer un environnement qui propose des sollicitations sensorielles ayant pour objectif premier de générer du plaisir, de la détente dans un climat sécure, pour ne pas dire cotonneux.

Description

Ce postulat se traduit concrètement par la réalisation de salles aux fonctions et couleurs distinctes ou encore, selon les institutions, sous forme de parcours sensoriels. Toutes ces propositions ont en commun d’amener des sollicitations sensorielles douces, diversifiées, où tous les sens pourront être sollicités séparément ou simultanément : vue, toucher, odorat, sens de l’équilibre (vestibulaire), audition. En Hollande, des annexes institutionnelles entières, de très grande envergure se bâtissent et peuvent accueillir :

  • Une salle « blanche », dont la fonction visée est celle de la détente, du plaisir utérin, de la douceur maternelle.
  • Une salle dite « interactive » permettant l’utilisation de nombreux outils sensoriels particulièrement discriminants, c’est à dire susceptibles répondre à de faibles sollicitations (variation de l’intensité lumineuse en interaction avec l’intensité et la prosodie de la voix par exemple).
  • Une salle de motricité dans laquelle il est possible d’expérimenter « le ramper, le rouler, l’appréhension du vide, de se cacher, de se balancer »…
  • Le bain à remous, initiant des stimulations vestibulaires (position du corps dans l’espace) et porteur d’indication et d’informations tant cénesthésiques et somatiques que vibratoires.
  • ou encore la salle de dégustation, espace dans lequel le « gout » est à l’honneur, et permet aux personnes fortement handicapées de s’approprier à leur rythme les saveurs, les textures, les volumes et odeurs des aliments dont elles n’ont pas toujours pu faire l’expérience au regard de l’histoire de leur handicap.

Objectif

Le projet du Snoezelen se définit comme

  • sans objectif éducatif ou rééducatif – sans objectif thérapeutique
  • le seul objectif déclaré est de proposer un loisir : notons à ce sujet que le terme de « loisir » étymologiquement vient du mot « licere » : être permis, temps dont quelqu’un peut disposer pour faire ce qu’il a choisi, temps suffisant pour faire un choix (selon le dictionnaire du Larousse).

Cet objectif suppose donc la liberté du choix et le respect du rythme. Or, de quelle liberté de choix dispose la personne polyhandicapée quand la mise en sens du monde qui l’entoure demeure si complexe pour elle voire impossible, quand sa motricité et sa capacité à communiquer ou à se faire comprendre sont si limitées. La seule façon qui reste parfois d’exercer sa liberté de choix peut dès lors se loger dans le refus, l’opposition, l’endormissement ou encore en s’absentant.

Quant au rythme, prenons nous toujours le temps, ce temps leur est il laissé pour répondre ou d’agir à leur manière, tentons nous véritablement de comprendre ce qu’ils nous signifient avec leurs compétences limitées ? C’est ce que l’approche Snoezelen questionne.

Les hollandais défendent l’idée selon laquelle toute potentialité ne peut se libérer que dans une atmosphère sécure : sécurité affective, sécurité psychique avec ceux qui accompagnent, mais également au regard de l’environnement physique, des lieux matériels. C’est à ces conditions que les personnes polyhandicapées sont en mesure d’exercer et de nous adresser la résilience dont ils disposent.

Le Snoezelen gagne la France par I’Est et le Nord et est d’abord proposé aux adultes polyhandicapés vivant en Maisons d’Accueil Spécialisé. Cette approche ne gagne les établissements français d’enfants qu’après 1992, dans la mesure où les demandes de renouvellements d’agréments au titre des annexes 24 ter doivent être soutenues par un projet prenant en compte des moyens matériels pour le réaliser.

C’est également à cette époque que ce travail de stimulation sensorielle pourra en partie être reconnu par le corps médical lors d’un congrès sur le polyhandicap. Cette reconnaissance restera cependant nuancée, les médecins notifiant des risques de décompensations pour les personnes présentant une épilepsie, et abordant également la question des pulsions libidinales mises en jeu. Ces appréciations sont encore d’actualité au sein des représentations groupales.

Depuis, toutefois, cette approche a pris son essor au sein d’institutions médico-sociales : auprès des enfants et adultes polyhandicapés, puis des personnes autistes et psychotiques et enfin à ce jour auprès de personnes âgées démentes, dans le cadre d’accompagnement de fin de vie et à la suite d’éveil de coma.

Notons que les Hollandais avaient parlé des effets du Snoezelen et se sont montrés rassurants quant à l’épilepsie et sur les effets sur la sexualité qui ne sont pas plus importants que lors des bains ou d’autres moments de détente.

Dans la même veine, il m’est arrivé dans mon parcours professionnel de visiter un espace Snoezelen totalement vitré permettant à tout instant d’en contrôler le déroulement et le contenu. Les modalités matérielles mises en œuvre au sein de cet établissement témoignent de la défiance qu’il existe face à ce qui peut se jouer entre un usager et un professionnel et aux fantasmes sexuels inscrits en toile de fond.

Une prudence d’une autre nature est également nécessaire au regard du phénomène de mode qu’a pu susciter cette approche ces dernières années. J’ai également eu l’occasion de rencontrer plusieurs dirigeants d’établissements médico-sociaux encensés à l’idée d’avoir équipé leur salle d’un matériel haut de gamme, le « must du must »…et ce, avant même d’accueillir les futurs résidants dans leur lieu de vie.

Après une première salle Snoezelen « vitrée », j’ai eu loisir de découvrir plusieurs salles Snoezelen « vitrine », présentée en tant que faire valoir des bonnes pratiques institutionnelles. Or, le Snoezelen est avant tout une approche, une philosophie de travail, les outils matériels n’étant qu’une médiation secondaire à la rencontre puis au tissage du lien.

Prudence enfin par rapport à une approche que ne légitime aucune théorie d’ordre psychologique, psychanalytique, neurologique, rééducative, ou encore médicale. Le Snoezelen ne se réfère d’aucun courant et souffre encore à ce jour d’une théorisation parcellaire.

PARCOURS PHILOSOPHIQUE

Snoezelen offre deux objectifs principaux : celle d’une médiation favorisant la rencontre relationnelle, et celle permettant à l’usager de ne plus être passif, ou spectateur de sa propre existence, mais bel et bien de redevenir, dans ce temps et cet espace qui lui est donné, l’acteur de sa vie, susceptible d’officier des choix.

La relation

La relation : Qui dit relation, dit deux sujets en présence. Ces deux personnes (que sont le professionnel et la personne polyhandicapée) ont en commun leur humanité bien qu’ils soient singulier et inconnu l’un de l’autre.

Un des concepts fondateurs du Snoezelen repose sur cette idée que l’on ne connaît rien de l’autre, rien de ses ressentis et de sa relation au monde. Cela suppose d’avoir le désir d’aller à sa rencontre avec ce que cela comporte d’incertitudes, d’imprévisible, de levée de nos croyances. Ne plus être dans la position du « savoir » au bénéfice d’« être » suppose une écoute bienveillante, une disponibilité psychique et de regarder la personne, de se tourner authentiquement vers elle.

L’implication de la personne handicapée est à la mesure de l’intérêt que lui porte son interlocuteur ainsi que la teneur de son empathie : entendons par empathie « l’ouverture de l’esprit, la mise à l’écart des normes visant à accueillir l’autre dans sa dimension singulière ».

Cette attitude requiert une énergie particulière de la part du professionnel qui doit être à la fois présent à l’autre tout en restant présent à soi. Cet accompagnement suppose aussi une confiance absolue dans l‘existence de ressources chez la personne multi handicapée. Dès lors, le Snoezelen est un travail de lenteur de patience et de répétition. Et souvent, l’absence de progression visible à ses propres yeux, au regard des collègues et des supérieurs hiérarchiques, tous ces éléments démobilisent et découragent.

Voici ce qu’en disent les professionnels :

« La difficulté du Snoezelen, c’est que c’est une prise en charge individuelle et que ce n’est pas toujours évident de se retrouver face à face avec le résidant chez qui on attend quelque chose qui n’arrive pas. Quand je me suis retrouvée avec une personne, il m’est arrivée de me dire : je vais voir ce qu’elle a envie de faire. Et je peux rester comme ça des heures. C’est dur parce qu’on veut faire des choses mais en face il n’y a pas de répondant et on a l’impression de ne pas avoir été utile».

Ou encore,

« (…) dans d’autres activités, ou quand on a fait une toilette, on voit qu’elle a été faite. Le résidant a été lavé, habillé, il a pris son petit-déjeuner et voilà. Alors qu’en Snoezelen, il n’y a rien de palpable qui a été fait même s’il y a quelque chose qui s’est passé, mais des faits qui puissent être palpables, on ne les voit pas. C’est dur à vivre parce qu’il y a toujours le regard des autres ».

Et pourtant c’est dans cette régularité et cette répétition que prennent sens les sollicitations et que s’enracinent sécurité et confiance. Ce n’est que dans ces temps appelés « temps morts » que la personne polyhandicapée est en mesure d’exprimer ses goûts, ses désirs, ses intentions, et qu’elle est en mesure de laisser tomber ses mécanismes de protection.
.
« Et sans doute faut-il être très humble et accepter que tout soit très lent… savoir regarder en arrière aussi ».

L’approche Snoezelen pose finalement la question du deuil : deuil à officier face au visible. Le deuil du « FAIRE », c’est renoncer à s’inscrire dans le schéma de la réussite.

La personne, Actrice de sa vie

La personne polyhandicapée, de par ses incomplétudes sensorielles et ses multiples handicaps est particulièrement dépendante des autres, de ceux qui l’accompagnent, la guident et l’orientent dans sa vie. S’inscrire dans une philosophie Snoezelen, c’est lui reconnaitre le droit à choisir sa place, d’intervenir (même à minima) sur son environnement.

Favoriser le choix, c’est reconnaitre la Personne dans ses demandes afin qu’elle s’enrichisse d’expériences singulières et découvre progressivement un autre univers pouvant s’ouvrir à elle, un univers sensoriel, émotionnel, emprunt de nouveau voire de re-nouveau.

Cela requiert écoute et observation de la part du professionnel qui favorise cette accession à travers les canaux sensoriels préférentiels de la Personne. Ces espaces promis à la Personne handicapée visent à lui laisser le temps d’appréhender et d’éprouver ce vécu.

PARCOURS PROFESSIONNEL et RÉFLEXIONS INSTITUTIONNELLES

Force est de constater que le Snoezelen au sein des institutions ne font pas que des émules. Il apparait fréquemment un nouvel élan vital à l’avènement de cette approche qui retombe parfois comme un soufflet. L’implication qu’elle demande au long cours dans la répétition et la régularité, développe des modalités archaïques du lien qui s’organisent progressivement entre l’usager et le Professionnel.

Il ne s’agit plus du tissage relationnel que l’on retrouve communément dans le quotidien, mais bel et bien d’émotions très fortes, d’éprouvés particulièrement régressifs nécessitant chez le Professionnel de réguler et contenir les fantasmes convoqués en toile de fond.

Car il s’agit d’un espace-temps marginal, les portes sont closes, de plus il y a nécessité de laisser le temps faire son œuvre au détriment de la productivité et du visible. Et tout ceci sous le regard interrogateur, voir réprobateur des collègues :

« Il y a eu des réflexions comme quoi Snoezelen, c’était un peu la planque. (…)

On pouvait se retrouver en Snoezelen avec un résidant et on s’allonge à côté de lui et on est tranquille. Il y a des gens qui peuvent penser ça. Alors que même si on s’allonge à côté d’un résidant, pourquoi pas si, de cette façon-là on est en relation, parce qu’en même temps qu’on est allongé on lui parle. Il y a des gens pour qui… qui ne font pas Snoezelen bien sûr, qui ne connaissent pas, pour qui, quelque part, c’est une planque ».

Le poids du regard des autres, de leurs jugements… la vulnérabilité par rapport au regard d’autrui vient de l’impossibilité de lui opposer un certain point de vue légitimé par un collectif, un courant de pensée.

Pratiquer le Snoezelen nécessite une mise à distance aux regards des normes habituellement valorisées et attendues par la société (action physique, rendement et production). Finalement les professionnels, au même titre que la plupart des individus, vivent mal d’être en dehors de toute appartenance professionnelle. Etre à contre-courant requiert une grande conviction et force de motivation pour ne pas céder face aux remarques souvent difficiles, déroutantes parfois et faisant douter les professionnels du bien-fondé de leur engagement.

C’est pourquoi, il est nécessaire de faire reposer ce temps de travail sur une démarche et une dynamique institutionnelle, elle seule étant en mesure de canaliser les fantasmes, de légitimer et de remobiliser les équipes sur le temps.

Parallèlement, d’autres écueils sont également possibles. Certains professionnels sont nommés, parfois malgré eux comme référent du Snoezelen dans l’institution, leur faisant prendre le risque de se voir conférer une toute puissance légitime, porteuse de rivalités au sein du groupe et venant dès lors mettre en échec sa longévité. Or, l’activité de Snoezelen est d’autant mieux vécue par les professionnels s’ils se sentent soutenus et dynamisés par la hiérarchie et la dynamique institutionnelle.
Dès lors, bien que ceci ne soit pas l’objet originel du Snoezelen, on ne peut pas dénier aux professionnels, aux parents, le besoin d’y retrouver des effets :

Effets sur les usagers

Lorsque les projets sontorientés en faveur d’un soin et d’une idée thérapeutique en toile de fond, les équipes souhaiteraient soustraire le résidant à son symptôme, à son trouble du comportement, ce qui d’ailleurs a parfois cette vertu comme le précise une professionnelle :

« Les séances Snoezelen c’est pour une meilleure prise en charge du résidant, je pense, et puis pour des cas un peu difficiles.
Notamment des résidants qui régurgitent, des résidants qui sont un peu agités pour essayer de les apaiser, pour essayer de les détendre. Moi, les cas que j’ai vus de Snoezelen, c’était ça. Je pense que c’est pour apporter un bien-être aux résidants. Et c’est vrai qu’on s’en rendait compte. Notamment, on avait un résidant X qui régurgitait énormément. Elle arrivait du Snoezelen, elle était propre comme un sou neuf. Je reconnais les bienfaits de la méthode ».

Ou encore,

« les filles, elles vont vous dire… il y a des actions sur la respiration. Il y a des actions sur le cri : quelqu’un qui crie en permanence et qui ne crie plus, qui va être apaisé, quelqu’un qui se tapait et qui va arrêter de se taper… »

Et d’autres encore,

« Le progrès, pour nous, ça va être quelqu’un qui a les yeux dans le vague et qui, d’un coup… Je vais capter son regard. Ce sera un progrès énorme pour moi et pour mon équipe ».

Et enfin,

« J’ai déjà entendu en réunion de Snoezelen, une encadrante dire que la séance n’avait pas été positive parce qu’elle n’a rien fait avec le résidant. C’était un résidant qui, à l’époque, n’allait pas très bien et elle avait fait beaucoup de choses finalement, puisqu’elle lui avait apporté un moment de calme. C’est vrai qu’elle n’avait pas joué la stimulation, parce que ça ne s’était pas prêté, parce qu’elle ne le sentait pas comme ça ce jour-là ».

Les établissements ouvrent de plus en plus cet espace en dehors des temps de séance, ce lieu pouvant ainsi être investi comme un refuge, tel un havre de paix visant à réguler les assauts anxiogènes qui envahissent les usagers.

D’autres professionnels vont investir cette médiation en tant que modalité d’éveil auprès de personnes fortement repliées au monde et qui expriment peu, ou communiquent très difficilement leur expression auprès de leur entourage.

« Je crois que venir en salle, il faut peut être aussi créer ces salles, une salle. C’est le point d e départ de l’aventure la salle quelque part…. C’est effectivement un lieu privilégié pour mieux peut être entrer en relation avec la personne qu’on accompagne, et mieux la comprendre et lui permettre de montrer ce qu’elle peut…, ce qu’elle ressent, son vécu des émotions, de la laisser conduire la séance, tel qu’il aime ou qu’il n’aime pas et ça il faut que ce soit repris à l’extérieur. »

Le sentiment d’appropriation de l’outil s’avère fondamental pour le professionnel qui est dès lors à même de construire cette dynamique relationnelle sur la base d’un projet commun pensé en équipe autour des usagers et en faveur de leur bien être. Une emprunte est nécessaire afin que de s’approprier tout projet, celui-ci peut être encore plus que tout autre.

Effets sur les Professionnels

Le Snoezelen amène les professionnels à une réflexion sur eux même. A partir de ce vide, et durant ces temps morts, où l’émergence de l’autre se fait parfois cruellement attendre, certains professionnels éprouvent un sentiment de gène, de malaise :

« Parce que je pense que c’est trop impliquant, je ne sais pas comment expliquer ca. Il faudrait venir voir. C’est un contact parfois c’est trop impliquant. Parfois on écoute de la musique, on est ensemble, on ne fait rien. Il y en a qui ne supportent pas. Il faut qu’ils soient actifs tout le temps.»

Le Snoezelen pourrait éveiller l’angoisse d’être en relation duale, de rencontrer cet autre sur un plan équitable, risquant de se fondre en soi sur un mode peut être fusionnel, ne permettant plus de se distinguer de l’usager, de garder ses propres repères identitaires. Il peut également s’agir de l’angoisse de s’inscrire dans une routine, ou encore de l’usure et de la fatigue, ou bien aussi de l’échec personnel.

Le Snoezelen peut à contrario être un catalyseur du lien auprès des usagers et favoriser un regard plus authentique. Il peut dans certains cas modifier leurs idées et points de vue, voire dans certains cas faire évoluer leurs attitudes.

« Je trouve que les personnes qui font du Snoezelen parlent de personnes dont elles s’occupent, d’une façon beaucoup plus positive que les personnes qui ne pratiquent pas en profondeur le Snoezelen. Cela redonne une dimension humaine à ces êtres que parfois on voit moins comme des êtres humains avec des capacités de rêverie, de souffrance, dans le sens où ce sont des corps déformés, qu’il faut soigner, qu’il faut laver, mais pas des êtres humains qu’il faut rencontrer, au niveau d’une relation. On a besoin de moment de bonheur, de plaisir. Je trouve qu’avec le Snoezelen c’est progressif mais la rencontre se fait. Je ne sais pas comment expliquer ça. On n’en parle plus comme des personnes handicapées, on parle de Pierre et on parle de ce qu’il nous exprime dans ces moments la. Et pas il a raté, il refuse tout. On peut l’amener à évoluer, à être mieux. Je trouve qu’il y a un autre regard de porté.»

Nous avons pu mettre précedemment l’accent sur la notion de fantasmes archaïques invités autour de ce rapprochement corporel associé à cette intimité du lieu et de l’atmosphère régressive qui s’en dégage : car en effet cette activité, bien que parfois souhaitée être associée aux autres de façon banale, n’a rien de banale en ce qu’elle convoque tant au niveau symbolique qu’au niveau des valeurs de management.

Cette activité se devrait d’être – non contrôlante-, de reposer sur le volontariat de ses participants et de défier toutes les règles de productivité. Dans ce sens, le Snoezelen se veut une démarche inquiétante et anxiogène pour les institutions rétives face au changement.

Porter ce projet au niveau institutionnel, coordonner, légitimer la philosophie du lâcher prise avec ce que cela comporte de travail sur soi et impliquer se membres par le biais de la dynamique du groupe, de la valorisation institutionnelle et d’analyse de la pratique, sont autant de mesure visant à réduire le risque d’absentéisme et de résistance des professionnels.

Dès lors et pour conclure, ce que nous apprennent ces divers regards croisés de professionnels, c’est que le Snoezelen nécessite une confiance en soi, confortée par un corpus institutionnel solide et solidaire, face à ce que l’approche du Snoezelen convoque de plus intime en chacun de nous. La force du projet est très souvent portée par une équipe bienveillante et pensante, soucieuse de réajuster ses attitudes et perceptions, soucieuse de comprendre ce qui l’anime, soucieuse enfin de développer cette approche humaniste ouvrant à l’authentique rencontre.

Partager cette page
Retour à "Approches et outils éducatifs"
Retour vers le haut
Retour haut

Nous vous suggérons

Retour haut

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *